Wépion,
La Marlagne - Centre Culturel Marcel Hicter
Désignation d’un auteur de projet en vue de l'étude et du suivi de l'exécution de travaux de rénovation et d’aménagement
Les services concernent le projet de rénovation et d’aménagement du centre culturel « La Marlagne ». Ce centre a pour but de promouvoir la culture par des actions allant d’un soutien aux acteurs culturels jusqu’à l’éducation permanente. Construit dans les années 70 au sein d’un parc de 15 hectares, ce site se compose notamment d’un théâtre (+/- 475 spectateurs), de 19 salles de séminaires, d’un réfectoire (500 places), de logements (200 lits) et d’un parking (+/-135 places). Le projet vise à entreprendre une série d’interventions architecturales et techniques afin que le Centre puisse développer et diversifier ses activités.
La mission concerne en priorité la rénovation du théâtre (réaménagement de la salle, aménagement d’un bar, accessibilité PMR) mais également la mise aux normes (incendie, amiante, etc.) d’une partie du bâtiment, la réalisation d’un audit énergétique et des interventions préconisées (en totalité ou non) ainsi que le réaménagement paysager des abords (parking, voiries et accès).
Calendrier
9 décembre 2020
Attribution du marché
Jury
Pour | Madame, Monsieur | Qualité |
---|---|---|
L'adjudicateur - Fédération Wallonie-Bruxelles | Marco Scardino | Architecte – DGI Infrastructures culturelles |
Thomas Moor | Historien - DGI Cellule architecture | |
Les utilisateurs - Centre culturel Marcel Hicter La Marlagne | Jean-François Renson | Ingénieur du son - Régisseur |
Patricia Hubert | Directrice - Service général de l'Education permanente et de la Jeunesse | |
Anne Chaponan | Architecte, Directrice - Service du Théâtre Administration Générale de la Culture | |
Expert extérieur | Sophie Dars | Président(e) du jury Architecte - ULB |
Regard d'un membre du jury
Le pragmatisme comme attitude de projet
- Par Sophie Dars, présidente du jury -
Avec la contribution de Carlo Menon, critique d’architecture.
Le Centre de Rencontres et d’Hébergement « La Marlagne » se présente comme un immense bâtiment situé au cœur d’un domaine boisé de 15 hectares sur les collines de Wépion, au sud de Namur. Le projet a été porté à bout de bras par le socialiste Marcel Hicter, au milieu des années soixante, qui y voyait le lieu idéal, tant à l’échelle locale que nationale, pour l’installation d’un centre de formation des cadres pour le Ministère de la Culture française. Conçu par l’architecte Charles Burton sur un trame hexagonale, et construit en deux phases pendant les deux décennies successives[1], le bâtiment comprend une salle de spectacle polyvalente pour 450 personnes, une salle de danse, des ateliers et salles de réunion diverses, 220 places d’hébergement, et un restaurant de 500 couverts. Démesurée, la salle du réfectoire est logée sous une toiture curviligne qui rappelle la philharmonie de Hans Scharoun à Berlin. Elle est équipée du plus grand feu ouvert pour grillades jamais vu, lui-même adossé à une énorme cheminée en béton de 30 mètres de hauteur.
Cathédrale dans le désert, trouver un tel équipement public en dehors d’un centre métropolitain est surprenant. Namur est à une dizaine de minutes de voiture, mais le plus proche arrêt de bus est à 40 minutes de marche. Surtout, le gigantisme du projet étonne pour le décalage avec les moyens à disposition des pouvoirs publics de nos jours. D’ailleurs, le concours d’architecture pour sa rénovation propose aux équipes un budget insuffisant pour moderniser et mettre aux normes l’entièreté du bâtiment et concentre ainsi l’intervention sur l’aile du théâtre avec, en complément, la réalisation d’un audit énergétique global – telle une famille issue de la noblesse déchue qui ne saurait plus entretenir son château. Le parallèle n’est pas anodin. L’âge d’or des grands châteaux publics que sont les Maisons de la culture style « Centre Georges Pompidou » est derrière nous, enterré par les crises financières et la transition énergétique : impossible d’en construire de nouveaux, et même impossible d’entretenir les anciens, surtout selon les logiques implacables des normes en vigueur. Accessibilité, désamiantage, isolation thermique et protection incendie semblent conduire ces architectures glorieuses vers un destin funeste.
Mais un tel concours d’architecture en situation de contrainte permet non seulement d’identifier qui promet de faire le plus avec très peu ; aussi il oblige architectes et pouvoirs publics à prendre une position franche vis-à-vis de ce type d’héritage. Il semble d’emblée hors-jeu d’emballer la Marlagne avec une couche épaisse, isolante et hermétique ; changer au passage l’ensemble des châssis ; et transpercer l’intérieur avec un attirail de gaines de ventilation et clapets coupe-feu. De ces conditions en ressort un projet de rénovation plus complexe mais enthousiasmant : il s’agit d’une commande contemporaine en ce qu’elle remet en jeu notre manière d’être au monde, au territoire, à l’architecture, aussi bien en tant qu’usagers qu’en tant qu’architectes. Quels nouveaux modes d’habiter peut-on envisager dans ces ruines de la grande époque dorée ? Quelle intensité donner aux nouvelles interventions architecturales par rapport à l’architecture festive de la Marlagne ? Quels usages de cet espace sont prêts à changer ? Faut-il travailler par soustraction ? Ou aborder l’ensemble, tout en intervenant uniquement à des endroits précis ? Où placer le curseur entre les volontés architecturales et un cru(el) technicisme ? Tant le projet de l’équipe retenue (l’association des architectes de Label architecture et des scénographes Artscéno), que les autres, bien qu’en moindre mesure, peuvent être lus comme adoptant une approche pragmatique. Ce qui ne relève pas que du « bon sens commun ».
En philosophie, le pragmatisme exprime et revendique un changement radical de perspective entre le sujet – l’architecte créateur – et l’objet, le bâtiment, ses matériaux, les normes légales et les pratiques sociales qui le régissent. Dans cette perspective, ils œuvrent tous sur un même plan d’action : tant les personnes que ces choses matérielles et immatérielles sont toutes « actrices » (ou « actantes », selon qu’on puisse leur prêter de la volonté ou pas), toutes porteuses d’actions et d’effets, dont la valeur peut être estimée seulement a posteriori, à partir des modifications du milieu dans lequel elles opèrent [2]. Autrement dit, ces choses matérielles et immatérielles constituent des faisceaux d’expériences multiples, en interaction entre elles : le grec « pragma », en effet, signifie à la fois l’action et l’expérience. Peu importe l’auteur et ce qu’il ou elle a voulu dire ou pas dire ; ce sont les effets de ses actes qui comptent. Peu importe la norme et sa validité en l’absolu ; ce sont ses effets dans l’ici-bas qu’il convient de mesurer et, éventuellement, manipuler.
Aux prises avec « La Marlagne », les lauréats ne se sont pas attelés à une reconstitution philologique du bâtiment, de son histoire ou des idées qui l’ont sous-tendu, mais plutôt à une lecture créative de sa condition actuelle et de son potentiel constructif et spatial. Ce faisant, sans a priori, ils ont osé laisser parler le site au lieu de leur propre ego. L’enseignement du pragmatisme consiste en cela. Avec peu d’interventions lourdes qui, probablement, ne se démarqueront pas du reste du bâtiment une fois les travaux complétés, la salle de spectacle et ses espaces annexes ont été reconfigurés pour en refaire un outil performant. L’acteur parfois despotique et aveugle de l’horizon énergétique 2050 a été replacé au sein d’une chorale d’attentions à l’existant dont l’influence sur le projet est décidemment plus ouverte à des possibles. Architectes, ingénieurs, utilisateurs et constructions s’écoutent et se ménagent respectivement, dans un champ de forces qui n’a plus rien en commun avec l’époque des Grands Projets, mais qui trace une condition plus alerte et plus modeste à la fois, dans laquelle les générations actuelles peuvent projeter leur existence.
SD & CM
[1] Notamment entre 1971–1977 et 1979–1987. Cf le Guide d’architecture moderne et contemporaine de Namur & Luxembourg provinces 1893-2020, dir. Jean-Paul Verleyen et Cécile Vandernoot (Bruxelles, Cellule architecture, 2020)
[2] Cf. Didier Debaise, conférence donnée le 28 mars 2019 aux étudiants de l’atelier de projet Unité de Production à la Faculté d’architecture La Cambre Horta (enseignants Thierry Decuypere, Sophie Dars). Partiellement retranscrite dans les publications de travaux d’étudiants Façades, Villas et Sport amateur (Bruxelles, ULB, 2019).
- Architectes
- Intégration d'oeuvre d'art
- Type d'opération
- rénovation/restauration
- Typologies
- culture
- centre culturel
- théâtre
- Type de procédure
- procédure concurrentielle avec négociation - publicité européenne
- Adresse
- Centre Culturel Marcel Hicter La MarlagneChemin des marronniers, 265100 Wépion
- Pouvoir adjudicateur
- Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB)
- Maître d'ouvrage
- Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB)
- Marché d’architecture
- Cellule architecture
- Utilisateur
- Centre culturel la Marlagne
- Budget estimé
- 2.190.000€
- Taux d'honoraires
- 12,00%
- Fichiers
lamar_am_bda.pdf
lamar_am_bda.pdf (143.78 Ko)lamar_am_annexe_1.xml
lamar_am_annexe_1.xml (99.3 Ko)lamar_am_annexe_2.pdf
lamar_am_annexe_2.pdf (535.46 Ko)lamar_am_annexe_3.pdf
lamar_am_annexe_3.pdf (1.73 Mo)
Lauréat(s),
A.M. Label - ArtSceno
Sélectionné(s),
A.M. Générale - Kanju
A.M. Monsieur Pascal + he + TTAS
- architecture, design mobilier, fire engineering, paysage
- Monsieur Pascal architectes (M Architecture)
- He-architectes
- scénographie, scénographie théâtrale
- Ingenium
- design signalétique
- NNstudio
- PEB (performance énergétique du bâtiment), techniques spéciales
- Lourtie-Cnockaert
- acoustique
- Daidalos Peutz
- stabilité
- Bureau d'études Cerfontaine (BEC)
A.M. MAMOUT + CZVEK RIGBY + CHARCOAL BLUE
- architecture, design mobilier, design signalétique, fire engineering
- Mamout
- Czvek Rigby
- scénographie, scénographie théâtrale
- Charcoal Blue
- fire engineering, PEB (performance énergétique du bâtiment), stabilité, techniques spéciales
- Boydens Engineering
- acoustique
- Daidalos Peutz
- paysage
- Thomas Delin ( Carbonifere )
A.M. H&V + Architecture & Technique
- architecture, design mobilier, design signalétique
- H&V Holoffe Vermeersch Architecture
- scénographie, scénographie théâtrale
- Architecture & technique
- stabilité
- Matriche
- acoustique
- Kahle Acoustics
- PEB (performance énergétique du bâtiment), techniques spéciales
- Energy Consulting
- fire engineering
- Bureau d'étude Delta G.C.
- paysage
- CDLP vof