Fédération Wallonie-Bruxelles,
Départ à la retraite de Chantal Dassonville,
Politique architecturale,

Départ à la retraite de Chantal Dassonville © Maxence Dedry - 1/1

Ce mois d’août a été marqué par le départ de Chantal Dassonville au terme d’une carrière complète d’architecte, directrice générale adjointe et responsable de la Cellule architecture au Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles (Communauté française de Belgique).

Diplômée de l’Institut supérieur d’architecture Saint-Luc de Bruxelles, elle intègre en 1985 le service public et y pilote jusqu’en 2008 le service des infrastructures culturelles, où elle lance les jalons d’une politique architecturale qui faisait défaut jusque-là en Belgique francophone – autant comme maître d’ouvrage d’équipements publics emblématiques qu’en initiatrice de processus alors inédits de la commande publique, à travers la mise en œuvre de concours (« marchés d’architecture »). Elle s’attèle en même temps au développement de l’architecture comme discipline culturelle, étant notamment l’initiatrice de la participation de la Communauté française de Belgique à la Biennale d’architecture de Venise à partir de 1996, opérée en alternance avec la Communauté flamande. Tout en ayant comme objectif premier l’amélioration de la qualité du cadre de vie, cette dynamique globale – associant étroitement maîtrise d’ouvrage, concours d’architecture et promotion culturelle – contribuera significativement à assoir la reconnaissance du savoir-faire des architectes praticiens de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en Belgique et au-delà des frontières.

Nombreux sont les chantiers emblématiques qu’elle a piloté et qui marquent le paysage de l’architecture publique en Wallonie et à Bruxelles, à l’exemple des Halles de Schaerbeek, du Musée des Arts contemporains au Grand-Hornu, du Musée de la photographie à Charleroi, du Théâtre national à Bruxelles, du Cinéma Sauvenière et du Manège de la caserne Fonck à Liège, du Manège, d’Arsonic et du Mundaneum à Mons. L’adoption du décret sur les infrastructures culturelles en 2002 permet d’étendre le dispositif des concours d’architecture aux subventions octroyées aux opérateurs locaux pour la réalisation de leurs infrastructures culturelles, agissant comme puissant levier d’amélioration de la qualité architecturale en Wallonie et à Bruxelles (BPS22 à Charleroi, Centre Keramis à La Louvière, Préhistomuseum à Flémalle, Musée de Folklore à Mouscron, Trinkhall à Liège, Le Rideau de Bruxelles, Atelier Théâtre Jean Vilar à Louvain-La-Neuve...). La pratique des concours s’étend également au sein du Ministère, auprès du service des infrastructures sportives (centres ADEPS de Spa, Neufchâteau, Froidchapelle, Péronne, Blanc-Gravier, Loverval, Seneffe…) et de l’aide à la jeunesse (IPPJ de Fraipont), mais aussi en dehors, auprès de maîtres d’ouvrage qui en font la demande – à l’instar de la Ville de Tournai (plusieurs projets en cours).

En 2007, s’inscrivant dans les recommandations du Livre blanc de l’architecture contemporaine en Communauté française dont elle a été l’un des moteurs, elle crée la Cellule architecture au sein du Ministère, premier service public francophone belge spécifiquement dédié aux enjeux de la qualité architecturale, s’illustrant tant dans le domaine de la gouvernance publique (accompagnement des marchés d’architecture, mise en œuvre de la politique d’intégration des œuvres d’art), que dans la diffusion et promotion culturelles (soutiens aux opérateurs culturels et initiatives, archives de l’architecture) et le développement à l’international.

À ce propos, elle est membre fondatrice dès 1997 d’un réseau unique en son genre des politiques architecturales à l’échelle européenne, qui se réunit toujours aujourd’hui, regroupant les piliers publics (directeurs de l’architecture au sein des ministères), culturels (opérateurs de référence pour l’architecture) et professionnels (Conseil des architectes d’Europe) dans l’objectif de promouvoir l’adoption de politiques architecturales au sein des états. Ce réseau a été à la base de la publication de plusieurs textes fondamentaux adoptés par le Conseil de l’Union européenne (résolution de 2001, conclusions de 2008, conclusions de 2021) et a contribué significativement à construire au fil des années un climat propice à l’éclosion d’autres dynamiques internationales, comme la Déclaration de Davos sur la culture du bâti en 2018 (signée par les entités fédérées belges, dont la Fédération Wallonie-Bruxelles) et les récentes initiatives de la Commission européenne (mise en place de la méthode ouverte de coordination sur la qualité architecturale, New European Bauhaus). En 2022, à l’approche du départ de Chantal Dassonville, les directeurs de l’architecture européens ont salué son rôle d’ « âme de l’architecture publique » (soul of public architecture), saluant par là son engagement constant.

Nombreux sont les projets qui ont été mis en œuvre par la Cellule architecture (à retrouver en détail sur nos portails web) : la mise en ligne d’un « guide pratique des marchés d’architecture » pour les collectivités locales en 2012, la création de l’agence à l’export de l’architecture et des architectes dès 2010 (« Wallonie-Bruxelles Architectures »), la mise en place de l’opérateur culturel de l’architecture en 2019 (« Institut culturel d’architecture Wallonie-Bruxelles »), la création d’une instance d’avis culturelle dédiée à l’architecture la même année (« Commission des Arts plastiques, Session Architecture »), l’instauration du Prix de la Maîtrise d’ouvrage publique en 2011, le développement d’une politique des archives de l’architecture, le renforcement du pôle éditorial (collections « Visions Architectures publiques », « Architectures Wallonie-Bruxelles Inventaires », « Guides d’architecture moderne et contemporaine », « Fenêtre sur »…), etc. D’autres projets structurants, entamés par la Cellule, sont toujours en chantier : la création d’un service commun de Maître-architecte à la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Région wallonne pour une harmonisation des concours d’architecture dans l’espace francophone belge (fonction de « Bouwmeester ») et la révision du Décret relatif à l’intégration des œuvres d’art de 1984 destiné à le mettre en adéquation avec les pratiques actuelles et à renforcer - via la commande publique - la visibilité et le soutien aux artistes.

En 2020, Chantal Dassonville devient la coordinatrice du chantier des bâtiments scolaires – « CLEF-WB », une mission achevée en juin 2022 avec le dépôt d’un rapport inédit sur la question – passant à ce moment la main à Thomas Moor, premier maillon de la Cellule architecture, qui reprend le flambeau de la coordination de l’équipe, formée de Lamya Ben Djaffar, Nathalie Brison, Juliette Dubois, Jonas Hanssens, Sabine Guisse, Aurélie Lefébure, Typhaine Moogin et Sara Novoa Troya. Celle-ci s’attachera à pérenniser les actions entamées, tout en accordant la priorité à ses métiers premiers : accompagnement des concours, mise en œuvre de la politique des intégrations d’œuvre d’art, soutien aux opérateurs culturels, visibilité à l’international.

Actualité publiée le
1 septembre 2022