Tournai,
Aménagement intérieur liturgique de la cathédrale
Aménagement intérieur liturgique de la nef et du transept de la cathédrale Notre-Dame, classée UNESCO
Calendrier
Jury
Pour | Madame, Monsieur | Qualité |
---|---|---|
Le Pouvoir adjudicateur : la Fabrique d’Eglise | Yves Harvengt | Ingénieur civil, Président de la Fabrique d’Eglise |
L’assistant à la maîtrise d’ouvrage : Cellule Architecture | Chantal Dassonville | Architecte, responsable de la Cellule architecture |
Pour les utilisateurs | Michel Vinckier | Chanoine, Recteur de la Cathédrale, Maître en Théologie |
Pour l’Autorite diocesaine | Patrick Willocq | Prêtre diocésain, secrétaire général de la Commission interdiocésaine de Pastorale liturgique (CIPL), maître en Théologie |
La province du Hainaut : Hainaut gestion du patrimoine | Etienne Boudart | Architecte |
Pascale Marlière | architecte, inspectrice générale | |
La Région wallonne | Florence Noirhomme | Architecte Agence wallonne du Patrimoine (AWAP) |
La Ville de Tournai | Florian Mariage | Licencié en histoire, archéologie et histoire de l’art - Service de l'Urbanisme - Conseiller en patrimoine |
Experts extérieurs | Emmanuel Toussaint | Expert liturgiste |
Julien Foucart | Expert « art ancien, contemporain et religieux» | |
Peter Van de Kerkhove | Expert architecture d’intérieur/art/ design | |
Geert De Groote | Expert architecte |
Regard d'un membre du jury
Une strate contemporaine dans le palimpseste séculaire
- Par Julien Foucart -
Par l’exceptionnel patrimoine mobilier qu’elle renferme et les styles architecturaux qui magistralement s’y sont succédé, la Cathédrale Notre-Dame de Tournai fait figure d’œuvre plurielle, en perpétuelle évolution. De tous temps, des artisans ont conçu pour elle des objets destinés à accompagner les gestes liturgiques. Jusqu’à aujourd’hui des architectes l’ont transformée et aménagée pour y accueillir les célébrations et les sacrements auxquels se sont ajoutées plus récemment des manifestations d’ordre culturel ou touristique.
Le concours lancé par la Fabrique d’église est une de ces rares opportunités d’inscrire une œuvre de notre époque au sein de l’édifice. L’une des particularités de ce marché public de services est de favoriser une complémentarité disciplinaire entre le travail architectural à proprement parler et la création d’objets spécifiques à la liturgie qui sont des pièces uniques. Architectes, artistes, artisans et designers sont donc invités à réaliser une intervention commune.
Ce projet est également l’occasion de réinventer les raisons multiples qui invitent croyants, chercheurs de sens, amoureux du patrimoine ou simples passants à pénétrer dans ce lieu et s’en émerveiller. Au cœur de la cité, la Cathédrale signifie par l’art et l’architecture une élévation, non seulement des matériaux, mais aussi des hommes dans une sorte d’affranchissement du monde matériel. À l’intérieur de cet espace en tout point de vue monumental, aucune intervention nouvelle ne devrait provoquer la sensation d’avoir été imposée, mais bien d’avoir su préserver l’autonomie de l’espace mental, sensible et perceptif de chaque personne.
Il a été décidé, depuis 2012, d’investir la nef romane pour les célébrations en la dotant d’équipements temporaires relativement disparates. Dès lors, l’unité d’aménagement demandée aujourd’hui par le cahier des charges comprend notamment la réalisation d’un baptistère, d’un podium avec autel et ambon, mais aussi d’un « espace de la réconciliation et de l’écoute », endroit singulier et version « contemporaine » du confessionnal, souhaité par l’Évêque et le chapitre de la Cathédrale. L’enjeu principal inscrit dans les clauses techniques étant « d’accompagner la réinstallation de l’action liturgique dans sa destination finale : un lieu entier, réunissant nef et transept. »
Le bureau AHA Aurélie Hachez semble avoir réussi ce pari en proposant un projet qui s’inscrit dans le prolongement des plans existants et s’associe parfaitement aux formes architectoniques en présence. Observant la géométrie des lieux, il a élu la forme octogonale, symbolique du passage du monde matériel au monde spirituel en tant que figure intermédiaire entre le carré (terre) et le cercle (ciel), pour circonscrire au sol trois espaces en pierres de Tournai destinés à recevoir respectivement le baptistère, le podium, et le lieu de la réconciliation et de l’écoute. En complément de ces créations originales, le bureau AHA a eu l’idée de s’adjoindre également les services du studio de graphisme de Manuela Deschamps Otamendi qui a conçu un motif ornemental consistant en un jeu graphique de triangles isocèles qui, traité par gravure et calepinage sur la surface de chacun des trois points d’ancrage octogonal, les relie finement entre eux. Ce motif triangulaire, décliné en plusieurs combinaisons possibles, identifie l’intervention contemporaine et apporte une plus-value sémantique à l’aménagement existant : la trinité, les 5 clochers, …
On aura compris qu’en pareil lieu toute option – localisation des éléments, choix des matériaux, introduction de motifs ou de décors – doit trouver une justification symbolique ou rituelle. À titre d’exemple, l’autel devra impérativement être fixe et en pierre – certains optent pour le marbre blanc (Arcadus / Philippe Vander Maren / Richard Venlet / Caroline Voet) ou rouge (Studio SNCDA) d’autres pour la pierre bleue (AHA) - puisque cet élément central est, dans une Cathédrale, « touché » par la métaphore du rocher, point d’appui de l’ensemble du diocèse. Chaque projet aborde donc les codes liturgiques de façon aussi respectueuse qu’inventive en tenant compte aussi des évolutions récentes comme la résurgence du baptême immersif d’adultes. Traditionnellement situé dans la zone la plus proche de l’entrée principale, le baptistère occupera désormais une place prépondérante dans la nef. Conçu pour être édifié hors sol, il est, dans le projet du bureau AHA, l’une de ces pièces de design qui apporteront une véritable strate contemporaine au patrimoine existant. À l’extérieur du bassin, également de forme octogonale, deux blocs de pierre bleue (l’une taillée grossièrement pour l’entrée, l’autre plus finement pour la sortie) font office de marchepieds. Ils sont dotés de poteaux en laiton qui rappellent les bâtons de pèlerins ; le genre de détails qui démontrent un intérêt général pour « les couches historiques et sensibles » de la Cathédrale.
Le travail du laiton, la taille de la pierre… Les trois projets intègrent les industries d’art locales, autrefois florissantes, pour ancrer leurs propositions dans leur contexte. Une place importante est aussi accordée au textile, manière de faire perdurer un autre artisanat présent à Tournai depuis des siècles. AHA a imaginé des tapisseries « renouvelables » afin d’engager « un dialogue entre le culte et des artistes contemporains » et ce, en sollicitant l’expertise de TAMAT, le Centre de la Tapisserie actif en ville. Richard Venlet de l’équipe conduite par Arcadus propose, pour toile de fond au podium, l’installation d’un drapé pouvant être changé en fonction du calendrier liturgique. Enfin, studio SNCDA entend s’inscrire dans « le palimpseste stylistique de la Cathédrale » en concevant des baldaquins circulaires ornés de créations textiles de l’artiste de Valérie Mannaerts dont les motifs sont notamment inspirés d’éléments végétaux présents sur la tapisserie de Piat et Éleuthère, conservée au Trésor de la Cathédrale. On choisit aussi le textile pour ses qualités « humaines », sa capacité d’absorption du son, d’intimidation et de conservation de la chaleur.
Animées par la volonté de redynamiser la dimension publique de la cathédrale, les trois équipes affirment vouloir introduire des repères à taille humaine à l’intérieur de cet espace majestueux. Depuis le baptistère qui précède en général le podium jusqu’au lieu de la réconciliation et de l’écoute, elles insufflent chacune à leur manière un parcours, voire même un cheminement, destiné à nourrir la symbolique liturgique et renouveler le regard de celui, visiteur ou fidèle, qui s’avance dans la cathédrale. Avec ses "cercles de lumière" de marbre blanc qui ponctuent le sol de la cathédrale, le projet de l’équipe conduite par Arcadus, intitulé « Un sol pour tous », se réclame à ce titre de la pensée de l’architecte et moine bénédictin hollandais Dom Hanse van der Laan (1904-1991) qui avait imaginé une architecture tenant compte de la perception humaine et dont l’expérience devait procurer « une plénitude, un bien-être profond, qu’on peut comparer au type d’émotion éprouvée dans certaines cathédrales et autres lieux religieux, ou bien au cœur d’une forêt » (Wikipedia).
- Architectes
- Type d'opération
- aménagement
- Typologies
- culte
- Adresse
- Cathédrale Notre-Dame de TournaiPlace de l'évêché 17500 Tournai
- Pouvoir adjudicateur
- Fabrique d'Eglise de la Cathédrale Notre Dame de Tournai
- Maître d'ouvrage
- Ville de Tournai
- Utilisateur
- Fabrique d'Eglise de la Cathédrale Notre Dame de Tournai
- Budget estimé
- 275.000€
- Surface estimée
- 500m2
Sélectionné(s),
Studio SNCDA
- architecture, design mobilier, scénographie muséale
- Studio SNCDA
- artiste, design mobilier
- Valérie Mannaerts
- communication, design signalétique
- Ekta
- éclairage
- Chris Pype
A.M. Arcadus / Philippe Vandermaeren / Richard Venlet / Caroline Voet
- architecture
- Arcadus
- Philippe Van der Maeren
- artiste
- Richard Venlet
- bureau d'études, design signalétique
- Caroline Voet